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origine de la Mouna



La Mouna de là-bas

À Pâques, la tradition de partage du tourteau bigourdan ou de la tourte gersoise sur les bords de la Save, à Samatan, a sa réplique de l’autre côté de la Méditerranée, avec la dégustation de la Mouna. Ce petit ouvrage révèle une enquête passionnante, sinon savante, d’une pratique religieuse observée par les populations berbères (Maimuna), juives (Mimouna), chrétiennes (Mouna) et arabo-musulmanes (Achoura).

Cette odorante brioche dorée appelée Mona ou Mouna selon l’origine espagnole ou française, est une gourmandise que personne n’oublie d’emporter pour aller fêter le Lundi de Pâques, la Saint Couffin, au bord de la mer, à la forêt des Planteurs ou au bois de Misserghin, dans la région d’Oran (1). Sa consommation est en rapport direct avec la célébration de Pâques, voire de la Pentecôte.

Le Lundi suivant la Résurrection, la Mouna vient conclure les agapes d’un riz au poulet assaisonné d’un mélange de poivron et tomate longuement cuits dans l’huile, dénommé la « frita » et d’un assortiment de viandes en sauce, accompagné de galette spéciale, le « gazpacho ». Ces nourritures solidement terrestres, prises en commun en signe de fraternité chrétienne, prennent leur fondement, sur le pourtour méditerranéen, à l’époque néolithique.

Considérée par des littérateurs sérieux comme une manifestation folklorique d’Oranie, Claude Arrieu s’attache à retrouver la vraie provenance de la Mouna à travers les traités d’histoire des religions, les voies de l’étymologie ou d’une chronologie historique plus récente. En Algérie, la colonie des Européens étant majoritairement d’origine espagnole, l’auteur a recherché la naissance de la brioche pascale catalane appelée Mona. Puis, faisant fi de toutes les légendes recueillies, il dirige sa prospection vers la province d’Alicante, seule ville d’Espagne qui depuis plus de trois cents ans façonne la Mouna, à Pâques.

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C’est alors qu’intervient une tradition réginale valencienne qui évoque une vieille femme surnommée « La Mouna » pétrissant un pain avec la plus blanche des farines et des œufs les plus frais afin de guérir une Reine frappée d’un mal mystérieux. Ce « sein de la sultane » brun, arrondi, lisse et luisant émut le Roi qui donna le nom de Mona à ce gâteau.

Venue d’un passé religieux probablement préjudaïque, la coutume de la Mona pascale participe d’un rituel fort ancien qui suggère les fêtes des Mondas et la célébration du culte de Cérès, déesse romaine. Forme transcendée du blé, la Mona est associée à la commémoration de ce « Passage » qu’est la Résurrection du Christ suivie de l’Ascension.

Appartenant à la catégorie des aliments qui gonflent et, parfois, couronnée d’un œuf, le symbole de la rénovation périodique de la nature est indéniable. La Mouna demeure la friandise communielle de là-bas, véritable trait d’union de communautés solidaires et fraternelles qui l’ont rapatriée, ici, après 1962.

Extrait de l’essai « Mouna, Mimouna, Achoura
Les fêtes de la convergence religieuse en Afrique du Nord, avant 1962»
Claude Arrieu – Edition PyréGraph – juin 2003 – ISBN 2-908723-55-7.

La Mouna (journal Le Blidéen, 1904)

" Le lundi de Pâques, il eut été très difficile de rencontrer âme qui vive dans les rues de Blida, tous les habitants, petits et grands, jeunes et vieux, étant allés comme à l’habitude faire un repas champêtre dans la campagne environnante, ou bien encore partis pour assister aux fêtes d’Alger.

La joie régnait en maîtresse, car le beau temps, dont nous étions privés depuis si longtemps, était enfin revenu et le soleil lui-même avait bien voulu se mettre de la partie.

Si la ville était triste et déserte, par contre il n’était pas un coin des environs qui ne fut occupé par une ou plusieurs familles installées sur l’herbe. On en rencontrait partout, sur les hauteurs avoisinantes, sur les routes de Dalmatie, de la Glacière, mais c’est surtout dans la vallée de l’oued-El-Kébir, à la Fontaine de la Fraîche, que les "mouneurs" s’étaient donnés rendez-vous et plus encore à Sid-Madani, au Camp des Chênes. En dehors de l’attrait qu’offrent en cette saison les Gorges de la Chiffa, les trains spéciaux organisés par la Compagnie des O-A, grâce à l’initiative de Monsieur Sauvagey, en rendaient en effet le voyage facile et accessible à toutes les bourses (600 voyageurs).

Quel qu’ait été d’ailleurs le site choisi, la bonne humeur fut la note dominante de ces agapes champêtres. Ce n’était partout que rires sonores et folles chansons, rondes et danses organisées aux sons plus ou moins harmonieux des guitares et des accordéons. Et si le soir, grisées par le grand air et le soleil, autant que par l’excellent vin de l’année, les têtes étaient un peu chaudes, si la gaieté était bruyante, tapageuse même, tout se passa bien, car il n’y eut ni querelles ni rixes à déplorer.

La nuit venue, les mouneurs reprirent à pied, en voiture, en chemin de fer, en automobile même, la route du logis. Après s’être séparés, les groupes rentrèrent chez eux, un peu lassés, mais satisfaits néanmoins de leur journée, en se promettant bien de se réunir à nouveau l’année prochaine, pour manger encore, suivant la vieille coutume algérienne, la traditionnelle mouna, sans laquelle il ne saurait y avoir de bon lundi de Pâques " .

(Extrait du journal : Le Blidéen N°5 du jeudi 07 avril 1904
Journal républicain, organe des intérêts locaux paraissant le jeudi et le dimanche).

Commentaires sur: "origine de la Mouna" (5)

  1. Oh lala ! Agamede avait compris "les Orgies de la Casba" ……….. c’est nul, je vais me rattraper.19:22

  2. joe ailes a dit:

    c’est ça que t’es arrivé en courant!lol!

  3. Ah bah, l’était là le chaud soleil, dans ton billet. Ben pisk’il pieut, au lieu d’aller promener moi, j’vais relire une deuxième fois ce billet passionnant, pis me remettre à écrire. Un mal pour un bien: j’avais derrière la tête d’aller bouffer un sunday caramel au Mc Do Mais tu l’as posté quand ce billet ? Chuis passée hier soir, et j’l’ai pô vu ?Bisous Joe de moiA pluchhh!

  4. joe ailes a dit:

    t’avais tes p’tits noeils plein de sommeil, parcequ’il était bie là hier soir!!!! un sunday caramel!!!hummm! profites, à mon âge, faudra que tu les évites comme la peste!!!!

  5. Marie-do a dit:

    J’ai beaucoup appris à lire jusqu’au bout cet article qui nous apporte un peu de la chaleur méditerranéenne

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